S’il était simple de nommer ses besoins et de se faire entendre, la
communication serait sans aucun doute plus fluide dans tous les
systèmes.
Or « faire une demande, faire un reproche, dire non, solliciter le
dialogue, faire un compliment, répondre à un reproche… » autant de
situations qui nous confrontent à la difficulté de nommer.
Nous sommes ainsi faits que l’ensemble des croyances et des
convictions intimes que j’entretiens sur le monde et sur moi-même,
va déterminer ma manière de me comporter au quotidien.
Or mes propres croyances me sont bien souvent étrangères. Suis-je
assez lucide sur ces affirmations qui me déterminent bien souvent à
mon insu ?
Je ne peux pas être heureuse si tout le monde ne m’aime pas.
Si je ne réussis pas tout, je ne vaux rien
Dans la vie, tu ne peux compter que sur toi
Si tu contraries les autres, ils ne t’aimeront plus
Si tu n’es pas aux aguets de tout, tu vas souffrir…
Bien sûr que non !
Et pourtant, se brancher sur ses besoins, c’est se mettre en accord
avec soi-même et en fait, le moyen le plus évident pour vivre en
harmonie avec les autres.
Alors voici quelques conseils pour entamer ce chemin difficile parfois
mais profondément épanouissant.
-1 : aller à l’intérieur de soi afin de repérer ces pensées
automatiques qui peuvent me conditionner :
mon patron me fait une remarque… je rentre dans
l’inquiétude… s’il faut je vais me faire virer car l’entreprise ne va
pas très bien
je viens de rentrer, ma femme ne m’a même pas demandé
comment j’allais… je me sens seul et triste… s’il faut elle ne
m’aime plus
-2 : prendre de la hauteur ou du recul, à savoir repérer que « j’ai
tendance à toujours généraliser ou bien je ne regarde toujours que
par le bout de ma lorgnette ou bien si le monde ne tourne pas autour
de mon nombril je n’existe pas ou bien je ne vois toujours que le
négatif ou bien je ne sais voir que le blanc et le noir car je ne connais
pas les nuances… ».
En ayant fait ce repérage, il est alors possible pour moi d’entrer en
phase trois.
-3 : élargir sa lecture et mettre de l’alternative
Mon patron me fait une remarque… je rentre dans l’inquiétude,
j’ai besoin d’être sécurisée… s’il faut je vais me faire virer car
l’entreprise ne va pas très bien
Il m’a encore félicité dernièrement pour mon investissement
Je viens de rentrer, ma femme ne m’a même pas demandé
comment j’allais… je me sens seul et triste, j’ai besoin d’être
réconforté… s’il faut elle ne m’aime plus
Elle m’a dit tout à l’heure qu’elle était fatiguée, je dois m’exprimer
et cesser d’attendre qu’elle vienne vers moi
Cette observation de ma manière de penser me permet de repérer
que certains types d’émotions déclenchent toujours le même type de
pensées négatives à l’intérieur de moi. Et donc toujours le même
type de comportement inadéquat pour me faire comprendre de
l’autre !
Ce qui fait qu’au moment où je m’exprime (si j’y arrive !), bien
souvent les frustrations, les maladresses, les confusions… sont au
rendez-vous et que l’autre a peu de chances d’entendre ce que je
cherche à dire. Et je pourrais continuer d’entretenir mes croyances
limitantes comme « à quoi ça sert que je nomme mes besoins,
puisque personne ne les entend ».
Mais maintenant je sais pourquoi !
Abordons la phase quatre qui consiste à communiquer mon besoin
de la manière la plus juste possible afin d’être compris
-4 : communiquer à l’autre mon besoin de la manière la plus efficace
possible
Le fait de prendre contact avec son intériorité, de comprendre ses
propres pilotages automatiques, d’élargir sa lecture permet de
s’octroyer le droit de faire valoir ses droits donc de se sentir légitime.
En tout premier, je vais m’appuyer sur un constat factuel.
S’appuyer sur les faits permet de quitter la subjectivité (qui est
la lecture d’une situation à travers le filtre que va y appliquer le
sujet) pour l’objectivité qui elle repose toujours sur les faits.
Exemples :
- Depuis le confinement, c’est moi qui fais les courses
- C’est toujours moi qui aide les enfants pour les devoirs depuis
qu’ils ne vont plus à l’école
En second, j’exprime ce que je ressens ou ce que je sens. Ce
droit de faire valoir mon ressenti est propre à chacun de nous et
totalement indiscutable par les autres. Je n’autorise personne à
discuter ce que je ressens. Nous pouvons échanger sur des
projets, sur le monde des idées… nous battre pour des opinions
divergentes mais lorsque l’un des deux interlocuteurs passe
dans le ressenti sa légitimité devient une évidence pour tous.
Et pour reprendre les exemples précédents : - Depuis le confinement, c’est moi qui fais les courses, je suis
fatiguée car ça me coûte beaucoup en plus de tout le reste. - C’est toujours moi qui aide les enfants pour les devoirs depuis
qu’ils ne vont plus à l’école, je sature ! Rien que d’y penser je
me sens énervé !
Puis je fais une demande précise qui répond à mon besoin et
nous entrons alors avec l’autre dans une phase de négociation
afin de rendre les deux interlocuteurs satisfaits du résultat de
cet échange.
En espérant que ces quelques pistes pourront vous engager à plus
d’harmonie et de légèreté dans cette période difficile…
Bonne route à vous sur le chemin « apprendre à faire autrement » …
seule option pour vivre ce confinement sans trop de souffrance.